Les médias s’intéressent de plus en plus à l’île autrefois nommée Ceylan qui brille au sud de l’Inde. Pour cause : le Sri Lanka se réveille. Après près de 30 longues années de guerre civile entre les séparatistes tamouls et les cingalais, la situation est revenue à la normale et permet un redécollage de l’économie. L’activité touristique explose parallèlement, et menace aujourd’hui les merveilles naturelles et culturelles d’une île qui fera bientôt parler d’elle…
Sri Lanka: Leçon de géographie
Avec plus de 20 millions d’habitants répartis sur 65610km² de territoire, le Sri Lanka offre des richesses naturelles sans comparaison en Asie du Sud. Situé à seulement 31 kilomètres de l’Inde, le Sri Lanka jouit d’un climat qui permet à une biodiversité exceptionnelle de prendre vie. Les quelques parcs nationaux tels que Yala, Uda Walawe ou Wilpaththu concentrent des écosystèmes exemplaires, offrant en spectacle des centaines d’éléphants et d’espèces d’oiseaux endémiques, ou encore le majestueux léopard. Certaines des plus belles plages d’Asie sont à découvrir sur les côtes Sri Lankaises (ex : Mirissa, Arugam Bay), alors qu’au centre du pays d’élégantes montagnes permettent un climat plus frais et voient s’étendre les fameux champs de thé à la réputation internationale. Au Sri Lanka, on trouve aussi des savanes, des mangroves, des lacs d’eau douce et des forêts humides notables (comme la réserve de Sinharaja, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO), qui donnent à l’île le statut envié de « biodiversité la plus dense d’Asie ». Couplée aux merveilles culturelles et architecturales bouddhistes (ex : Anuradhapura, Sigiriya, Pollonaruwa, etc.) et hindouistes, la nature sri lankaise constitue un argument de 1er rang pour le tourisme…quand elle ne s’en retrouve pas menacée.
Petite île, Tourisme de masse
Depuis la fin de la guerre civile en 2009, le tourisme connaît une croissance sans précédent (croissance de 46,1% entre 2009 et 2010, Source: Annual Statistical Report, Sri Lanka Tourism Development Authority). Le gouvernement a compris l’intérêt économique de ce secteur et les projets touristiques redoublent d’intensité. Au bord des réserves naturelles et sur les plages du sud et de l’est, on voit se multiplier les projets de resorts et d’hôtels de luxe. Au nord de l’île, des régions auparavant inaccessibles en raison du conflit armés s’ouvrent au tourisme, et des kilomètres de côtes sont déjà réservées pour de futures infrastructures touristiques. Malheureusement, ce développement extrêmement rapide bénéficie d’abord aux entreprises privées, et la population locale est loin de toujours voir la couleur de l’argent. Aussi, le tourisme de masse tel qu’il est stimulé a un impact sur des espaces protégés. Dans le parc National de Yala, les jeeps se multiplient et la faune subit le stress d’une activité en regain inattendu. Heureusement, les alternatives existent pour le voyageur averti.
L’écotourisme : le choix idéal ?
Si l’on considère les bons élèves en matière de tourisme écologique (ex : Costa Rica, Kenya), on comprend vite que le potentiel est énorme au Sri Lanka. Pourtant, l’intérêt des entreprises y est encore faible. Le voyageur responsable a néanmoins le choix. Au Sri Lanka, il n’existe qu’un organisme développant le tourisme écologique et solidaire : la Sri Lanka Ecotourism Foundation (SLEF). Reconnue par la TIES (The International Ecotourism Society), l’organisation internationale promouvant l’écotourisme, la SLEF agit localement pour soutenir les communautés souvent démunies tout en veillant à la conservation de la biodiversité. Elle met en place différents projets de tourisme communautaire à travers l’île, afin de permettre aux voyageurs d’être au plus prêt des coutumes locales et de profiter d’une aventure authentique. L’écotourisme tel que vu par la SLEF joue aussi un rôle éducatif : on y découvre l’agroécologie, l’ornithologie, le bouddhisme ; et il est possible de prendre part à des projets de conservation via le « volontourisme ». En veillant à la conservation de la culture locale, au respect des sites historiques et des aires protégées, l’écotourisme pourrait jouer un rôle crucial dans le paysage touristique Sri Lankais. La SLEF l’a bien compris, et tente d’alerter les consciences.
L’espoir d’une transition
La SLEF forme les acteurs locaux à l’écotourisme. Ainsi, hôtels, resorts ou lodges peuvent passer à l’écologie en prenant des mesures bénéfiques pour eux comme pour l’environnement. La fondation fait la promotion des énergies renouvelables, et souhaite fournir des panneaux solaires à plusieurs communautés. Elle a mis en place une certification « durable » en veillant à rester loin du « Greenwashing », cette manie qu’ont les entreprise d’utiliser le facteur écologique comme un outil essentiellement marketing. Via son petit tour opérateur Sri Lanka Ecotours, la SLEF propose des itinéraires écologiques et communautaires. Comme la SLEF, de nombreux médias et organismes croient en la nécessité d’une transition écologique au Sri Lanka. L’exemple n’est pas propre qu’à cette île de beauté. Parce que les trésors de l’Asie face auxquels les voyageurs s’émerveillent aujourd’hui devraient pouvoir être contemplés de la même manière demain.