Le Grenelle a la côte !
Nos élites souhaitent l’accommoder à plusieurs sauces (réforme de la fiscalité, et autres domaines de la vie quotidienne…) et il serait même plébiscité par les français comme un symbole de la démocratie participative pouvant être appliqué à maintes réformes …
Son succès est certainement dû plus à la « méthode Grenelle » qui consiste à mettre autour d’une même table représentants de l’Etat et représentants de la Société Civile afin de définir une feuille de route sur un sujet précis, que le sujet traité lui-même.
Pour mémoire les premiers accords de Grenelle ont été négociés en pleine crise de Mai 1968 par les représentants du gouvernement Pompidou, des syndicats et des organisations patronales.
Le Grenelle Environnement c’est quoi au juste ?
Les engagements du Grenelle Environnement en faveur de l’écologie, du développement et de l’aménagement durable se retrouvent dans divers textes législatifs et lois de finances dont la loi dite Grenelle I promulguée le 3 août 2009, et la loi dite Grenelle 2 promulguée le 12 juillet 2010.
Les principaux domaines concernés sont :
- L’amélioration énergétique des bâtiments
- L’organisation de transports plus respectueux de l’environnement
- La réduction radicale des émissions de gaz à effet de serre
- La préservation de la biodiversité
- La gouvernance écologique
- La lutte contre les pollutions
Qu’en est-il du Grenelle Environnement après 3 ans ?
Ce chantier « vert » initié par le gouvernement mi-2007 est a contrario un succès selon le rapport indépendant d’évaluation remis à Jean-Louis Borloo mardi 2 novembre 2010.
Selon le comité d’évaluation ayant rédigé ce rapport » la dynamique (du Grenelle Environnement) est en marche, plus des trois quarts des engagements pris depuis octobre 2007 sont désormais réalisés ou en cours de réalisation et 96% des démarches ont été engagées ».
Pas si mal dirons nous pour ce méga projet !
Pas de l’avis de certaines Associations très remontées contre la politique écologique du gouvernement qui ont publié un contre bilan d’une quarantaine de pages rappelant entre autres :
- L’abandon de la contribution carbone
- L’ajournement de l’éco-redevance sur les poids lourds
- Le retard à l’allumage de l’étiquette environnementale
- La révision à la baisse des avantages fiscaux liés aux travaux de rénovation écologique
Comme évoqué précédemment a propos du prochain Sommet de Cancun, alors que la crise économique et financière actuelle est loin d’être maîtrisée et exige des réponses immédiates, il faut craindre que les engagements du Grenelle Environnement passent aujourd’hui au second plan, car ils s’inscrivent sur le moyen et long terme.
La vigilance s’impose, et les propos d’Isabelle Autissier, présidente du WWF-France, prennent ici tous leur sens « La société française a intégré l’esprit Grenelle. Elle est entrée dans une phase de métamorphose. En revanche la conversion écologique des institutions et de l’administration semble céder le pas au scepticisme. Il faut une bonne fois pour toutes trancher ces contradictions au plus haut niveau de l’Etat. »
Et pour une autre remise en perspective, vient de sortir : Développement durable ou le gouvernement du changement total, de Yannick Rumpala (livre aussi présenté sur son blog : http://yannickrumpala.wordpress.com/2010/10/29/developpement-durable-ou-le-gouvernement-du-changement-total/ ).