L’Union européenne (UE) qui a présenté les nouveaux objectifs en matière de climat et d’énergie pour 2030 laisse à chaque État membre la liberté de décider d’exploiter ou non les hydrocarbures de schiste du sous-sol.
Une Europe divisée sur la question où seule la Grande Bretagne et la Pologne ont entrepris d’explorer leurs ressources. La France a interdit depuis 2011 l’ exploitation des hydrocarbures de schiste à partir de la fracturation hydraulique, seule technique d’extraction employée à l’échelle industrielle.
Néanmoins un regain d’intérêt voit le jour dans notre pays suite à la mise en avant d’une possible nouvelle technique d’exploitation « plus propre », entraînant de nouvelles polémiques entre partisans et opposants.
S’interroger sur l’opportunité d’exploiter cette manne dont notre sous-sol français pourrait regorger, notamment en cette période de disette économique, semble légitime.
Sans prendre parti pour un camp ou l’autre il convient d’examiner sereinement quelques faits avérés ou en voie de l’être.
Géopolitiques
L’exploitation des hydrocarbures de schiste à l’échelle mondiale entraîne des bouleversements de tous ordres qui ne peuvent laisser indifférents.
L’autosuffisance programmée de l’Amérique en ressources énergétiques fossiles, notamment grâce à l’extraction massive des gaz et huiles de schiste, devrait entraîner une reconsidération de ses centres d’intérêts à travers le monde.
Économiques
La croissance américaine s’accélère. Et le fossé avec l’Europe se creuse…
Aux États-Unis les gaz de schiste représentent environ le tiers de la fourniture de gaz naturel américain. Ce choix du gaz de schiste pourrait provoquer un fossé de compétitivité insurmontable dans les années qui viennent et l’Europe pourrait perdre, du fait du différentiel du coût de l’énergie, une partie importante de sa part de marché dans toutes les industries exportatrices industrielles.
Techniques alternatives
Pour mémoire le rapport Gallois sur la compétitivité recommandait que des techniques alternatives à la fracturation hydraulique soit expérimentées.
Une alternative « propre » mise en avant dans le rapport publié en novembre par l’OPECST (Office Parlementaire d’Évaluation des Choix Scientifiques et Technologiques) consisterait à utiliser du «fluoropropane», non flammable propane (NFP), sans eau ni additifs comme fluide de fracturation pouvant être récupéré quasi intégralement.
Écologiques
Les effets pervers de la fracturation hydraulique sur notre environnement ne sont plus à démonter. Pollution du sous-sol par l’utilisation massive de produits chimiques avec risque de contamination des nappes phréatiques et gros gaspillage d’eau sont reconnus.
A contrario les émissions de gaz à effet de serre seraient réduite par une consommation moindre de charbon !
La fracturation « propre » au propane ne serait toutefois pas sans danger pour l’environnement: environ 5% de ce gaz à effet de serre n’est pas récupéré après usage.
Selon Maud Fontenoy favorable à l’exploration « La baisse de notre facture de gaz permettrait d’investir dans la recherche sur les énergies renouvelables, qui est essentielle ».
Principe de précaution
Faut-il au nom du principe de précaution rester campé sur ses positions et ne pas autoriser les recherches ouvrant la voie à des techniques alternatives? Pas sûr, mais vaste chantier car deux tiers des français seraient opposés aux hydrocarbures de schiste.
Néanmoins il faut tenter de réconcilier l’écologie et l’économie.
Ne serait-il pas intéressant de savoir précisément quelle quantité de gaz nous avons sous les pieds, si c’est exploitable et rentable, d’en chiffrer les retombées économiques, écologique et en terme d’emplois, etc.
Toute position radicale et extrémiste doit être bannie car conduisant à une impasse.
« Le pire ne serait-il pas de respirer peut-être un air moins pollué, de boire une eau plus propre, d’avoir le temps d’en profiter car pas de travail, mais d’en crever quand même. »
@ Crédits photo Reuters