Quel est ce gros insecte noir qui vole ?

Vous vous promenez dans votre jardin, profitant des rayons de soleil, quand un vrombissement puissant et grave attire votre attention. Un gros insecte, d’un noir profond et velu, vole de fleur en fleur d’une manière un peu lourde. Il est bien plus grand et bruyant que les abeilles ou les bourdons que vous avez l’habitude de voir. Vous vous demandez alors : mais quel est donc cet impressionnant visiteur ? Il y a de fortes chances que vous ayez croisé le chemin du xylocope violet, la plus grande abeille d’Europe.

xylocopa violacea : un gros insecte noir qui vole

L’abeille charpentière, une géante aux reflets bleutés

Le xylocope, dont le nom latin est Xylocopa violacea, est un insecte qui ne passe pas inaperçu. Souvent confondu avec un gros bourdon noir ou même un scarabée volant, il s’agit en réalité d’une abeille solitaire.

Sa taille est impressionnante : les adultes peuvent atteindre 3 centimètres de longueur pour une envergure de 5 centimètres et un poids d’un gramme. Son corps robuste et massif est entièrement noir et couvert de poils. Ce qui le distingue particulièrement, ce sont ses quatre ailes membraneuses qui, sous la lumière, révèlent de superbes reflets bleus-violets, presque fumés. Pour différencier le mâle de la femelle, il suffit d’observer ses antennes : le mâle arbore une extrémité orangée, tandis que celles de la femelle sont entièrement noires.

Une charpentière qui ne mange pas de bois

Le nom « xylocope » vient du grec « xylo » qui signifie « bois » et « cope » qui veut dire « couper« . On l’appelle d’ailleurs aussi « abeille charpentière » ou « perce-bois« . Ce nom lui vient de sa manière bien particulière de construire son nid. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, cet insecte n’est pas xylophage, il ne se nourrit pas de bois. La femelle utilise ses puissantes mandibules pour creuser des galeries dans du bois tendre, de vieux roseaux ou même des tiges de sureau. Pour repérer un nid, il suffit de chercher des copeaux de bois au sol. Elle y aménage plusieurs cellules séparées par des cloisons faites de sciure amalgamée avec sa salive.

A lire aussi :  Un sommet internationnal pour sauver le Tigre ...

Une vie de solitaire et un rôle crucial de pollinisateur

L’abeille charpentière ne vit pas en colonie organisée dans une ruche et ne produit donc pas de miel. C’est une abeille dite « solitaire« . Mâles et femelles vivent indépendamment et ne se rencontrent qu’en fin de printemps pour un accouplement aérien et acrobatique. Après la fécondation, la femelle dépose dans chaque loge de son nid un œuf et une boule de pollen qui servira de nourriture à la future larve. Le cycle de vie complet, de l’œuf à l’adulte, dure environ 7 à 8 semaines.

Avec une longévité d’environ un an, le xylocope joue un rôle écologique essentiel. C’est un excellent insecte pollinisateur qui butine de nombreuses fleurs dès le printemps, appréciant particulièrement le pollen, le romarin ou la glycine. Il est un auxiliaire précieux pour la floraison des plantes, des légumes du potager et des arbres fruitiers. Parfois qualifiée de « voleuse de nectar », sa trompe étant plus courte que celle d’autres abeilles, elle n’hésite pas à percer la base des fleurs pour accéder directement au nectar.

Un insecte impressionnant mais inoffensif

Malgré sa taille et son vrombissement qui peuvent impressionner, l’abeille charpentière est totalement inoffensive et n’est pas agressive envers l’homme. Les mâles sont dépourvus de dard. Les femelles en possèdent un, mais ne l’utilisent qu’en dernier recours pour se défendre, si elles se sentent directement menacées ou si l’on s’approche de trop près de leur nid. Le risque de se faire piquer est donc infime. Sa piqûre, bien que douloureuse, n’est pas mortelle. Il est donc primordial de ne pas la tuer ni d’utiliser d’insecticides. C’est un insecte magnifique et précieux pour la biodiversité qu’il faut absolument observer et protéger.

A lire aussi :  Macrophotographies amphibiennes

Où l’observer et comment l’aider ?

Le xylocope vit en Europe de l’Ouest, centrale et méridionale, et notamment en France. On le trouve fréquemment dans les jardins, les parcs publics ou à la lisière des forêts, partout où il y a une abondance de fleurs.

Cependant, comme beaucoup d’abeilles sauvages, il souffre de la dégradation de son environnement, notamment à cause de l’usage massif de pesticides. Le réchauffement climatique le pousse également à migrer plus au nord de l’Europe.

Pour attirer et aider cette abeille, il est recommandé de planter dans son jardin les espèces qu’elle apprécie. Vous pouvez aussi lui offrir un abri en laissant des tas de bois tendre dans un coin abrité ou en installant des hôtels à insectes spécifiques avec des bûchettes de pin. En agissant ainsi, vous contribuerez à la protection de cet insecte essentiel et profiterez du spectacle de son vol majestueux.

5/5 - (2 votes)