L’ombre du nucléaire …

par jcn

Alors que Tchernobyl est toujours présent dans les mémoires 25 ans après la catastrophe et que le nuage de Fukushima vient de passer au dessus de nos têtes (voir Nuage radioactif de Fukushima …) comme prévu le débat sur le nucléaire s’intensifie (voir Le débat sur le nucléaire vivement relancé).

Faute d’information précises et fiables il semble évident que la situation au Japon reste « imprévisible » avec un taux de radioactivité qui ne ceste de monter et s’étendre. Des semaines, voir des mois, seront nécessaires pour permettre d’y voir plus clair et de mesurer les conséquences des fuites des réacteurs.

En attendant, face aux conséquences des émanations radioactives sur la chaîne alimentaire et l’eau du robinet, dans certaines localités proches de Fukushima et même du côté de cette ville géante qu’est Tokyo les magasins ont été dévalisés et de nombreux aliments sont interdits à la vente. La consommation d’eau courante pose problème provoquant une ruée sur l’eau minérale qui commence à manquer…

Le rappel à l’ordre « Fukushima » !

D’ores et déjà certains enseignements sont tirés. Ainsi les dirigeants européens ont entériné vendredi 25 mars à l’issue du sommet européen à Bruxelles le principe de tests de résistance (stress tests) à mener dans l’ensemble des 143 réacteurs nucléaires civils de l’Union européenne, tenant compte du risque d’inondation, de séisme, de panne d’électricité majeure ou encore d’attentat terroriste ou d’accident aérien.

Les résultats des tests doivent pouvoir être publiés d’ici la fin de l’année … Les dirigeants entendent par ce biais rassurer leurs opinions préoccupées : Nicolas Sarkozy l’a promis «Si une centrale, et je parle pour la France, ne passait pas ces tests, elle serait fermée».

L’énergie nucléaire en quelques mots …

Le moment semble donc opportun pour se rafraîchir la mémoire concernant cette « fumeuse » énergie. Pour faire simple disons que l’énergie nucléaire est produite par les noyaux des atomes qui subissent des transformations, ce sont les réactions nucléaires.

Les 2 principaux types de réactions nucléaires appliquées sont :

  • La fission nucléaire lorsqu’un noyau d’un atome lourd (comme l’uranium 235) est impacté par un neutron et se scinde en deux noyaux plus légers. Cette fission s’accompagne de l’émission de plusieurs neutrons qui, dans certaines conditions, percutent d’autres noyaux et provoquent ainsi une réaction en chaîne. La fission se traduit par un dégagement d’énergie très important qui peut être récupérée sous forme de chaleur dans les réacteurs nucléaires.

Les 2 principales utilisations de la fission sont les réacteurs nucléaires et la confection de bombes type A…

  • La fusion nucléaire (aussi appelée réaction thermonucléaire) lorsque deux noyaux légers d’atomes (comme l’hydrogène) se percutent et s’assemblent pour former un noyau plus lourd. C’est en gros l’inverse de la fission. Cette réaction n’est possible qu’à des températures très élevées où la matière est à l’état de plasma. Elle est à l’œuvre de manière naturelle dans le soleil et la plupart des étoiles de l’univers. La fusion des noyaux dégage une énorme quantité  d’énergie.

L’homme cherche à maîtriser les réactions de fusion pour récupérer cette fabuleuse énergie. Il a réussi à maîtriser celle-ci dans les bombes nucléaires de type H mais pas encore pour produire de l’électricité. Pour une application civile de la fusion, beaucoup d’espoirs sont fondés cependant sur

ITER.

Qu’est ce que ITER ?

Le projet ITER (International Thermonuclear Experimental Reactor) situé à proximité de Cadarache (Bouches du Rhône) concerne la construction d’un réacteur expérimental à fusion thermonucléaire contrôlée qui tentera de maîtriser la fusion nucléaire, en créant pendant quelques minutes la réaction qui a lieu au cœur du soleil.

Il a été approuvé en Juin 2006 par les représentants des 7 pays intéressés par le développement à long terme de ce type particulier d’énergie nucléaire (l’Union Européenne, la Chine, la Corée du Sud, les Etats-Unis, l’Inde, le Japon et la Russie). Ce méga projet en cours n’est pas un réacteur au sens strict mais une machine à étudier la fusion,  qui devrait mener à la réalisation d’un pré démonstrateur, puis au démonstrateur industriel qui devra valider les options scientifiques et technologiques choisies pour arriver vers la réalisation d’un « vrai » réacteur à fusion contrôlée aux alentours de 2040-2050…

Les applications de l’énergie nucléaire en bref …

Les principales applications sous forme de réactions nucléaires contrôlées sont de 2 ordres:

1. Civiles avec :

  • La production d’électricité dans des centrales nucléaires.
  • L’industrie (radiographie).
  • La médecine (médecine nucléaire et radiothérapie).

2. Militaires avec :

  • La propulsion navale (sous-marins, porte-avions…).
  • Les armes nucléaires :
    • A fission (bombes A) qui utilisent de l’uranium enrichi ou du plutonium.
    • A fusion ou bombes thermonucléaires (bombes H) et sa variante la bombe à neutrons (supposée détruire les plus grandes formes de vie dans le voisinage de la cible, tout en provoquant un minimum de dégâts matériels).

La production d’électricité en France

Sommes-nous réellement « addict » au nucléaire ?

Sans aucun doute puisqu’en France plus de 75%  de notre production d’électricité provient de centrales nucléaires.

La France se classe au 2e rang mondial, derrière les Etats-Unis, avec 59 réacteurs nucléaires pour une puissance installée de 63 GW (gigawatt) et une production de 391 TWh (térawatt-heure).

A cela s’ajoute 5 sites de gestion des déchets radioactifs (stockage ou retraitement).

Les dangers du nucléaire …

Faisons abstraction des armes nucléaires de sinistre mémoire…

Pour le reste il faut être conscient que le nucléaire représente un réel danger pour l’environnement et les populations au long d’un cycle qui va de la mine au stockage des déchets.

Nous savons que l’exposition à des radiations nucléaires, produites par l’émission de particules radioactives, provoque une contamination plus ou moins forte par irradiation externe ou interne.

Concernant nos déchets nucléaires nous n’avons aucune idée de ce que nous léguons aux futures générations puisque :

  • Pour les déchets à vie courte, de faible et moyenne activité (90 % des déchets radioactifs produits en France) : on estime qu’au bout de 300 ans, ces déchets ont perdu presque toute leur activité…
  • Pour les déchets à vie longue et/ou de haute activité (10 % du volume total) : on estime que leur décroissance radioactive devrait s’étendre sur plusieurs milliers d’années

Alors qu’elles alternatives ? …

Sources wikipedia.org / cea.fr /world-nuclear.org / dawnwires.com – Crédit photo Flickr / Marylise Doctrinal / alpha du centaure / Pierre J

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