La lumière peut-elle venir du désert ?

par jcn

La question est posée : les jours du « tout nucléaire » sont-ils comptés ?

Réponse délicate … mais à moyen terme un long déclin du nucléaire en faveur des énergies propres et durables est vraisemblablement inévitable. En effet Fukushima a laissé des traces indélébiles en faisant prendre conscience (enfin) des risques énormes liés au nucléaire. Certains pays ont déjà annoncé l’arrêt de réacteurs ou le gel de nouveaux programmes et même d’autres comme l’Allemagne et la Suisse une sortie du nucléaire à horizon 2020/30.

A qui le tour d’assumer cette transition énergétique ?

En France un vif débat a commencé qui devrait s’intensifier au fil des prochaines échéances électorales et souhaitons-le nous « éclairer » davantage non seulement sur les dangers mais aussi les problématiques d’emploi, de dépendance énergétique, des nécessaires énergies renouvelables de remplacement, etc.

Capter l’énergie du désert !

Des mégaprojets énergétiques, qui auraient fait rêver Jules Verne, vont prochainement voir le jour dans les déserts du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) et favoriser cette délicate transition du nucléaire vers des énergies propres et renouvelables. Dans le cadre du Plan Solaire Méditerranéen (PSM), initié en juillet 2008, la philosophie de ces mégaprojets pourrait se résumer ainsi : créer dans les déserts un vaste réseau de production d’électricité au départ de champs éoliens et de centrales solaires thermiques dans le but d’alimenter en énergie propre non seulement les pays concernés mais aussi l’Europe. 20 gigawatts (GW) d’énergie renouvelable seraient ainsi produits dont 5 GW exportés vers l’Europe d’ici 2020.

Pour mener à bien ces mégaprojets des consortiums du secteur privé, en coopération entre l’Union Européenne et des pays sud de la Méditerranée, ont vu le jour : Desertec (Dii) et Medgrid.

Deux initiatives complémentaires de dimension européenne :

Desertec (Dii)

Fondé en octobre 2009 à Munich se concentre sur la production d’énergies renouvelables (solaire et éolien). Regroupe 56 sociétés dont, entre autres, les groupes allemands Siemens, E.ON, ABB …

Un premier projet de centrale solaire sera lancé en 2012 au Maroc, près de Ouarzazat, avec une capacité de production de 500 MW soit environ la moitié de celle d’un réacteur de centrale nucléaire pour un coût de 1,9 milliards d’euros. L’unité de Ouarzazate sera le premier chaînon d’un réseau de dizaines de centrales solaires et éoliennes qui devraient être installées en région MENA.

Medgrid

Créé à la fin de l’année 2010 à Paris se concentre sur la partie infrastructure de transport d’électricité à partir des sources d’énergies renouvelables. Regroupe 20 partenaires industriels dont, entre autres, les Français EDF, Areva, Alstom … Cette infrastructure reliera les côtes sud, et nord de la méditerranée avec des interconnexions sous-marines entre les continents européens et africains.

Des objectifs audacieux et des incertitudes …

L’objectif est double : répondre à la fois aux besoins croissants des pays de la région MENA et couvrir, d’ici 2050, environ 15% des besoins de l’Europe en électricité. L’Union Européenne compte beaucoup sur ces mégaprojets pour l’aider à remplir ses objectifs de lutte contre le réchauffement climatique avec à terme 20% de part d’énergies renouvelables et une réduction de 20% des émissions de CO2 par rapport au niveau de 1990. L’Allemagne est d’autant plus intéressée qu’elle a renoncé à l’énergie nucléaire à terme.

Toutefois les turbulences politiques nées du « Printemps Arabe », et notamment le gel des négociations engagées avec les anciens régimes en place, devraient tempérer sérieusement les ardeurs de tous les intervenants sur ces mégaprojets.

Les déserts d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient seront-ils notre assurance d’un « approvisionnement énergétique propre et durable » dans le futur ?

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