Notre Saumon de Norvège

par Fabien

Le Saumon, un poisson gras aux vertus nutritives importantes, que l’on aime consommer de multiples façons et à diverses occasions. Devenu rare à l’état sauvage, l’élevage l’a rendu de nouveau populaire et plus accessible à la consommation …

Cependant ces fermes aquacoles, qui produisent le saumon d’élevage, font aussi l’objet de critiques et de méfiances … L’aquaculture reste une industrie relativement récente, qui à connu quelques crises, laissant le consommateur dans un certain flou concernant la qualité du saumon qu’il consomme !?

BuzzEcolo c’est vu invité (début Octobre 2010) par Le Centre des Produits de la Mer de Norvège à une petite excursion au creux des Fjords pour découvrir et échanger autours des méthodes pêche et d’aquaculture en Norvège.

Quelques chiffres sur le Saumon de Norvège …

Dans le domaine de l’élevage du saumon, la Norvège règne actuellement en maitre absolu (devant le Chili et le Canada) ! La Norvège produit pas moins de 58% de la production mondiale de saumon (avec 920000 tonnes en 2010).

La France est pour sa part le 1er importateur de saumon de Norvège (avec + de 132000 tonnes en 2009). Près de 7 saumons sur 10 consommés en France sont d’origine Norvégienne.

Les 1ères fermes aquacoles apparaissent au début des années 70 en Norvège. On en compte actuellement pas moins de 649 sur plus de 21000 km de côtes.

La vie d’un Saumon d’élevage …

La vie du Saumon d’élevage débute dans des bacs d’eau douce, où l’alvin va pouvoir débuter sa croissance jusqu’à la « saumonification » (transformation physiologique qui va permettre au poisson d’évoluer en eau de mer).

C’est alors que le saumon va pouvoir rejoindre les fermes aquacoles, sortes de grands bacs flottants en eau de mer, installés au creux des Fjords (ci-dessus une ferme dans les environs de la petite ville de Florø).

Et après avoir passé 2/3 années en eau de mer, le saumon effectuera son dernier voyage en direction du centre d’abattage. Avant de finir en filets ou fumé…

Une réglementation stricte …

La législation aquacole Norvégienne fait partie des plus stricte au monde. Des permis d’exploitation délivrés au compte goutte par le ministère de la pêche. Une densité de poisson limitée par enclos (moins de 2,5% de saumon pour 97,5% d’eau). Des emplacements choisis en fonction des courants, de la profondeur des eaux, de la présence d’autres fermes. Nettoyage et désinfection des fermes à intervalles réguliers. Mise en jachère obligatoire entre chaque cycle de production. Pas de traitement antibiotique en préventif. Des contrôles rigoureux et réguliers …

Autant de critères pour assurer le confort du saumon, mais aussi éviter les risques d’épidémie, de pollution, et préserver la biodiversité environnante. Pour obtenir un saumon de qualité, ce dernier doit évoluer dans un espace sain.

Préserver la nature et assurer le bon développement du saumon est donc au cœur de la réglementation imposée par les autorités Norvégiennes. C’est en tous les cas le message que l’on nous a fait passer, et celui véhiculé par les autorités Norvégiennes …

Une image écornée pour le Saumon d’élevage !?

Cependant, de façon générale l’aquaculture (et dans le cas présent l’élevage du saumon atlantique) ne jouit pas d’une image très positive auprès du grand public que l’on parle d’impact environnemental ou de qualité du poisson.

La pratique de l’aquaculture version industrialisée est relativement récente (un peu plus d’une 30ene d’années) et l’apprentissage dans le domaine semble se faire de façon plutôt empirique. Des erreurs ont été commises; implantations hasardeuses des fermes, mauvaise prévention des risques de maladies et d’épidémies, utilisation de pesticides, alimentation mal adaptée … Des pratiques aujourd’hui admises et valorisées pour servir l’industrie, mais qui laissent pourtant planer certains doutes.

Le secteur de l’élevage de saumon à aussi connu des crises. Prenons l’exemple du Chili (second exportateur mondial de saumons), en 2009, victime d’un virus qui a anéanti ses stocks. Le virus s’est propagé très rapidement, en raison d’une mauvaise gestion du parc aquacole entre autre, ne laissant que peu de temps aux producteurs pour réagir. Et dans cet état de crise, pour éradiquer cette menace, les producteurs ont utilisé des pesticides interdits dans certains pays importateurs … Le résultat de tout cela, un stock de saumon au plus bas et inexploitable en l’état, des problèmes de pollution et un secteur en très mauvaise posture (et qui a encore du mal à sens remettre). La crise Chilienne a sans nul doute jeté un froid, mettant en avant les risques liés à cette activité.

L’aquaculture, à l’échelle industrielle, est une activité qui doit être strictement réglementée et sous surveillance. Mais pour en garantir le respect, les règles doivent aussi être clairement identifiées et identifiables par tous … Mais à l’heure actuelle, bien que les réglementations soient en place en Norvège, on peut cependant regretter l’absence d’un label permettant d’identifier facilement un saumon provenant d’une ferme respectueuse des bonnes pratiques.

En conclusion …

L’aquaculture, telle que nous l’avons découverte durant cette expédition en Norvège, semble  à la fois raisonnable et durable … Mais, tout comme le simple consommateur, il nous manque certains repères pour balayer les doutes qui peuvent demeurer.

Les démarches entreprises pour réglementer et contrôler l’aquaculture en Norvège doivent bien évidement être poursuivies (voir renforcées dans certain cas). Mais il parait aussi essentiel que les informations liées aux pratiques et réglementations de cette activité, soient plus accessibles et lisibles pour le consommateur …

Crédit photo Flickr / avlxyz / monicamüller

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