Le marché bio en France : défis et opportunités à l’aube de 2025

L’agriculture biologique (AB) en France, souvent perçue comme un pilier du développement durable, traverse aujourd’hui une période de turbulence. Alors que la transition écologique est au cœur des préoccupations globales, le marché bio fait face à une série de défis qui contrastent avec son essor des dernières décennies. Néanmoins, cette période de mutation offre également des opportunités pour une réinvention du secteur.

panier de légumes bio

Une baisse des surfaces biologiques et un ralentissement de la consommation

Selon l’Agence Bio, les surfaces agricoles dédiées à l’agriculture biologique ont reculé de 2 % en 2023, atteignant 2,77 millions d’hectares, soit 10,4 % de la surface agricole totale en France. La part des conversions vers le bio a chuté de 48 % depuis 2021, signalant un désengagement progressif des producteurs. Ce recul est largement attribuable à une stagnation, voire une régression, de la demande des consommateurs. En 2023, la part de marché des produits biologiques dans les achats alimentaires a baissé à 5,6 %, revenant à des niveaux d’avant 2019.

La distribution, en particulier les grandes surfaces alimentaires, a également réduit son offre de produits bio, avec un déréférencement de 11 % entre 2022 et 2023. Cependant, cette tendance contraste avec une légère progression des ventes dans les circuits spécialisés (+7,2 % au premier trimestre 2024), soulignant l’importance croissante de formats tels que le magasin bio en ligne et la vente directe pour pallier la perte de débouchés dans les circuits conventionnels.

Des filières en difficulté : entre crise économique et choix des consommateurs

Plusieurs filières biologiques, notamment la viande et les produits laitiers, connaissent des baisses significatives. La consommation de viande bio a diminué de 23 % entre 2020 et 2023, marquant une perte de 267 millions d’euros de chiffre d’affaires. Les produits laitiers bio, quant à eux, ont vu leur part de marché en volume reculer à 9,8 % en 2024 contre 12,4 % en 2021.

Cette contraction s’explique par un changement dans les priorités des ménages français. D’après une enquête récente, seulement 50 % des consommateurs considèrent le label bio comme un facteur d’achat, contre 59 % en 2021. L’inflation, qui a augmenté le coût des produits alimentaires de 12 % en moyenne en 2023, a amplifié cette tendance, incitant les ménages à privilégier des produits moins chers, souvent non biologiques.

Opportunités de diversification et montée en puissance des circuits alternatifs

Malgré ces défis, le marché bio en France offre encore de nombreuses opportunités. Les circuits alternatifs, tels que la vente directe et les magasins spécialisés, continuent de croître. En 2024, 60 % des nouveaux producteurs biologiques ont opté pour la vente directe, un circuit qui a gagné 3 % de part de marché depuis 2020.

Par ailleurs, la restauration hors domicile, notamment les cantines scolaires, représente un levier de croissance sous-exploité. Bien que la loi Egalim exige que 20 % des approvisionnements alimentaires soient biologiques dans la restauration collective, seuls 56 % des restaurateurs déclarent atteindre cet objectif en raison du coût des produits bio et d’un manque de soutien financier.

Vers un modèle bio plus local et résilient

L’accent mis sur la production locale et les circuits courts peut renforcer la résilience du marché bio face à la crise. La consommation de fruits et légumes bio locaux et de saison, en lien avec des initiatives comme les AMAP ou Les Jardins de Cocagne, a le potentiel de relancer l’intérêt des consommateurs pour le bio en mettant en avant des valeurs de proximité et de durabilité.

De plus, les campagnes de communication prévues par l’Agence Bio, dotées d’un budget de 5 millions d’euros annuels jusqu’en 2027, visent à rétablir la confiance des consommateurs et à repositionner les produits biologiques comme des choix accessibles et essentiels dans la lutte contre le changement climatique.

Perspectives pour 2025 et au-delà

À l’aube de 2025, l’avenir du marché bio en France dépendra de sa capacité à répondre aux attentes des consommateurs tout en soutenant les producteurs face à des défis économiques croissants. Les initiatives politiques et les engagements européens, comme la stratégie Farm to Fork, qui vise 25 % de surfaces bio d’ici 2030, restent des éléments clés pour atteindre les objectifs ambitieux du secteur. Mais la reprise passe également par une évolution des modèles de consommation et une meilleure intégration des produits bio dans le quotidien des Français.

5/5 - (1 vote)